dimanche 28 septembre 2008

Premier cours de perfectionnement:qu'est-ce que le thé ou de l'Art à la Voie du thé

"Le mot n’est pas la chose", c’est la première phrase qui me vient à l’esprit après ces deux jours magiques passés dans un lieu hors du temps mais très ancré dans la vraie vie, celle où la nature et l’homme sont en étroite communion. C’est à l’Institut du Thé situé à Poule les Echarmeaux que nous nous sommes retrouvés à huit pour suivre l’enseignement de Nadia Bécaud. Je ne résiste pas à vous recopier l’extrait de la brochure qui concerne ce lieu béni : "L’Institut du Thé s’est installé au cœur d’une nature paisible et boisée dans le Haut Beaujolais (à 1 heure au nord-ouest de Lyon). Ce lieu dédié à la Voie du Thé se propose d’accueillir toute personne intéressée, pour des stages et séjours (individuels ou en petits groupes). Renseignements : 0033 478 59 88 04 / 06 28 69 18 83 ; nadiabecaud7@yahoo.fr " Et c’est véritablement un lieu de ressourcement, qui présente cependant un "petit" inconvénient, on n'a plus envie de le quitter.... Arrivées vers 10 heures ce samedi, venant de Lyon et aimablement conduites par Sophie la Lyonnaise dans sa vénérable voiture de 20 ans d'âge (le 1er train pour Lamur est à 10 heures le samedi) Sylvette, une Parisienne, et moi avons été accueillies par Nadia dans la Maison de Thé où se trouvaient déjà 2 autres Parisiennes arrivées la veille et une jeune femme des environs de Lyon. Nous dégustons notre premier thé, un Long Jing dans le zhong traditionnel accompagné de ces petites choses spéciales que sont les "chouquettes", en attendant les "Savoyards". Nous savons à ce moment qu’un homme fera partie de notre cours. Je ne retrouve personne de mon cours d’initiation, bizarre et un peu dommage aussi (pour eux !).
Nous montons ensuite au Temple, c’est là que Nadia a choisi de nous dispenser son premier enseignement : Qu’est-ce que le thé, elle nous retrace le lien étroit entre thé et bouddhisme bâti sur plus de 5000 ans de civilisation chinoise. Elle explique alors la signification de cette phrase que j’avais lue dans le programme et qui me faisait rêver, comme de "l'inaccessible étoile": Thé et Zen sont un: "C’est depuis le 8e siècle sous les Tang, que la culture du thé et celle du Zen ou Chan, synthèse des 3 piliers que furent le Confucianisme, le Taoïsme et le Bouddhisme, sont réunies. L’Art du Thé est un procédé artistique qui va mettre en valeur le thé sélectionné, c’est une forme esthétique raffinée qui demande patience et virtuosité et qui mène à l’harmonie. Mais cela ne suffit pas, sinon il s’agit d’un acte dénué de sens, ce que les Chinois appellent un acte extravagant, on montre de belles choses et c’est tout. L’Art du Thé introduit la Voie du Thé c'est-à-dire la dimension spirituelle". Nous sommes alors initiés à la méditation d’inspiration bouddhiste basée sur le contrôle de la respiration et le vide. Et là, j’ai du mal. D’abord à respirer convenablement, et ce n’est pas que mon état grippal qui m’en empêche, mais aussi et surtout j’ai vraiment du mal à faire le vide, des tas de pensées me viennent, m’assaillent même, liées à tout ce que Nadia vient de dire. De plus, j’ai peur qu’une toux irrépressible vienne troubler ce moment de calme et de paix. Mais cette démarche m’intéresse, je souhaite vivement l’approfondir, je m’offrirai un séjour ici en dehors de la session et prendrai des cours particuliers, encore que le mot "cours" me semble trop scolaire mais je n’en trouve pas vraiment d’autre, peut-être initiation, celle qu’un Maître prodigue à ses disciples ? Après un succulent repas préparé par le mari de Nadia, nous nous exerçons à refaire ces gestes qui paraissent si simples du Gong Fu Cha mais qui demandent cependant une grande maîtrise physique d'abord: ils doivent être souples et liés, pas de saccades, de gestes trop brusques et pour cela, maîtriser le contrôle de la respiration, encore elle, et du rythme qui en découle naturellement et c’est autrement plus difficile que de retenir le "simple" enchaînement des étapes. Après 2 heures 30 d’exercices et malgré l’excellent Baozhong dégusté grâce à notre persévérance et dont les saveurs ressortent si bien infusé dans ces petites théières, je suis littéralement épuisée. Mais tellement heureuse d’être au milieu de ces personnes qui partagent cette même passion et ce souci du geste parfait, ni trop ni trop peu, le juste milieu donc comme nous l’enseigne la sagesse chinoise. L'ambiance est à la fois joyeuse, et concentrée sur l'essentiel, vivre l'instant, intensément
Je me rends compte que traduire par des mots un vécu si riche et dense l’appauvrit, d’où cette phrase qui introduit ce billet. Le cours s’est terminé à 17 heures, tout le groupe s’en est retourné, moi je suis restée pour prolonger le bonheur. Je suis allée sur la terrasse, très ensoleillée encore. Nadia nous a préparé un Fenguang Dancong puis j’ai remis mes notes en ordre en essayant de m’imprégner du sens profond de cet enseignement tellement riche que chaque phrase à elle seule pourrait être source d’approfondissement, je ne vous en cite qu’une : "L’homme est venu sur terre pour revenir à sa nature profonde".
J’ai partagé le repas du soir avec mes hôtes et après une nuit réparatrice, la vraie depuis 6 jours, un dernier petit-déjeuner et du Bi Lo Chun, il est temps de rentrer au pays, c’est dans le TGV que je rédige ceci, je termine ici ce partage d’émotions esthétiques fortes. Je souhaite qu'un jour vous puissiez également vivre ces moments intenses qui donnent au thé une saveur d'éternité.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci, Francine!
Kris