mercredi 14 janvier 2009

Elle s'appelle Grande Anse, je l'ai baptisée aujourd'hui

Je suis seule toute la journée, je peux donc me consacrer uniquement à ma passion. Et tout d’abord, je vais câliner mademoiselle Li, j’admire une fois encore sa grâce puis je lui fais réécouter sa musique. Et je me plonge dans ce grand livre à la gloire du thé, Le Thé en Chine, un langage amoureux, Genève, Minerva, 2002.) J'ai rencontré son auteur à Paris en 2002, il me l'a gentiment dédicacé. J’ai beaucoup aimé ses aquarelles et sa façon de présenter les différentes catégories de thés, une légende pour chacun. Je l’ai relu en diagonale et suis tombée sur une anecdote dont je n’avais aucun souvenir : un soir de Noël à Pékin, Hyppolite Romain a ramassé un carnet de notes qu’un voyageur venait de laisser tomber. Le temps de s’en saisir, ce malheureux s’était engouffré dans un taxi. Cela m’est arrivé aussi, dans un parc à Taipei l’avant-veille de mon retour. En plus de mes notes au jour le jour, j’y avais fait sécher les feuilles de thé infusées, collé des billets d’entrée des différents endroits visités (et ils sont superbes là-bas), mais aussi des infos très précieuses sur les métros, les bus et leurs arrêts, des commentaires sur les maisons de thé, et tous ces petits détails qui, pour les autres sont sans la moindre valeur mais qui pour moi étaient autant de petits cailloux couleur de thé, des trésors. Concernant ma vie au jour le jour, c’est un peu moins grave, chaque soir, je recopiais cette partie et l’envoyais par mail à mon mari et à quelques amis très chers, j’en ai donc des traces, mais pour le reste… Je ne comprends toujours pas comment c’est arrivé. H. Romain a vainement cherché un indice pour pouvoir rendre ce trésor à son propriétaire, mais il n’a rien trouvé, il en a alors fait un bref récit dans son livre… Quant au mien, Lu Yu seul sait peut-être ce qu’il est devenu… Mais le moment n’est pas à la tristesse, aujourd’hui je baptise ma deuxième princesse, son nom de baptême sera Grande Anse. Pourquoi donc ce nom curieux ? Simplement parce que quand je l’ai vue "en vrai", j’ai failli ne pas l’adopter tant je la trouvais disproportionnée, cette anse. Sur la photo j’avais été séduite par son joli couvercle, ce petit renfoncement dans lequel se cache le petit orifice, comme un petit puits abrité sous un pont ; je n’avais guère fait attention au reste… Et puis Grande Anse me rappelle des séjours inoubliables dans ces îles magiques de l’Océan indien : Praslin, La Digue, et Mahé, qui ont chacune la leur. Et à Mahé en plus, il y a des plantations de thé… Mais ce n’est pas ce thé-là que je destine à ma belle. Elle est également taïwanaise, j’ai donc choisi un Pu Er ramené de là-bas, d’un de ces endroits magiques que je n’oublierai jamais, il se nomme "Au bonheur serein et paisible", je l’ai déjà évoqué ici. Cette brique est superbe et facile à entamer avec ce beau couteau, un cadeau du Maître des lieux ! Je ne la connais pas, je vais donc la tester avec Grande Anse. Après avoir l’avoir chauffée j’y ai déposé 5g de ce Pu Er que j’ai rincé pendant 1 minute. Puis les infusions se sont succédées, les notes, d’abord animales : cuir puis très vite des notes boisées. Mais je pensais aussi à ce lieu d’où vient la brique et de cet autre endroit où cette belle adoption a eu lieu. Emotions gustatives, esthétiques, et douce nostalgie aussi...Après 9 infusions (j’aurais pu en faire plus mais j’étais comblée), j’ai rempli une fois encore Grande Anse pour la culotter. Je ferai 3 fois 4 heures d'infusion comme me l’a suggéré Thomas. Après la première période, j’ai transvasé le thé et les feuilles et j’ai eu la curiosité de goûter cette infusion devenue très foncée, je m’attendais à quelque chose d’imbuvable, âcre, et pas du tout ! Bien sûr, le goût était très fort et me faisait penser à l’odeur d’une écurie, mais très curieusement ce n’était pas désagréable et l’infusion pas du tout opaque. Les feuilles infusées très brillantes, grandes pour la plupart et assez foncées, sont retournées dans ce réceptacle pour une autre période de 4 heures. Je suis très heureuse de cette belle expérience, ce Pu Er lui va très bien, je ne regrette pas cette adoption. Une chose encore, à chaque infusion, un collier brillant se forme juste sous ce joli couvercle qui m’avait attirée. Mais elle a un "petit" plus, un très discret grain de beauté à la droite du bec que j’ai pris d’abord pour une poussière… Et c’est ce qui la rend unique. Une déception cependant, la qualité des photos, ces belles méritent bien mieux que cela, il faudra que je m’en occupe…

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