mercredi 21 novembre 2012

Une autre forme de rétrolfaction...

Je me suis réveillée tôt pas par choix mais à cause d’un bruit sourd et très violent, du genre gros froissement de tôle…
J’aurais pu me rendormir mais le pimpon - sans doute la police ou une ambulance – m’en a empêchée. Ce n’est pas grave, le soleil est à peine levé et aujourd’hui, j’ai envie de revisiter mon passé récent fait de rencontres, de regards croisés, de sensations gustatives intenses.
 Il me faut un thé corsé pour commencer ce voyage.
Ce sera le Yunnan Golden Pearls, ce thé d’accueil griffé ThéÔdor, que m’a préparé Guillaume à la crèmerie lors de notre rencontre il y a une semaine. Déjà alors, j’avais été étonnée par l’aspect des feuilles sèches : si le parfum de celles-ci était effectivement typique des Yunnan, leur aspect me faisait plus penser à des Oolongs.
Tout en savourant ce nectar couleur fauve infusé cette fois en Gong Fu, je me rappelle la façon particulière de traiter les feuilles, roulées à la façon des thés bleu-vert au départ mais dont on n’arrête pas la fermentation.
Après la première infusion, les feuilles se sont déjà bien déroulées.
Deuxième infusion, à la fois corsée et douce.
Toujours la même saveur et le même parfum dans cette 3e infusion.
Ici, les feuilles sont pratiquement toutes ouvertes.
La quatrième infusion est plus aqueuse mais toujours aussi douce.
Je tente un cinquième passage, comment se présentera la liqueur ?
Cette fois, c’est une légère amertume qui se dégage, il est moins corsé mais mon palais en est imprégné, ce qui compense l'atténuation de la saveur.
Avant de les rendre à la terre, j’admire une dernière fois ces belles et j’ai une pensée émue pour les cueilleuses aux doigts de fée et à ceux qui les ont façonnées de cette belle manière.
Contrairement à ce commentaire de l’Insolent parisien (à prendre au 3e degré quand on le connaît…), pour moi, même bue seule, je ne le suis jamais vraiment. Un visage, un nom, un regard, une belle rencontre, des échanges authentiques, me viennent à l’esprit. Ma famille du thé est avec moi dans ces moments hors du temps.
Je continue mon voyage gustatif avec un Lu Shan Yun Wu de chez Terre de Chine.
Les feuilles sèches de ce Thé des nuages et des brumes d’un vert assez foncé sont torsadées.
Je les infuse également en Gong Fu, en signe de respect pour les feuilles d’abord. Cela me permet d’être intensément dans le moment, cette pratique est aussi propice à la méditation. Et un souvenir ému, ce superbe bateau à thé vient de chez  Zen Zoo thésaurus
La liqueur est d’un beau jaune pâle tirant sur le vert, le parfum est très frais et la saveur végétale.
Après le premier passage, les feuilles se sont déjà bien développées mais n’ont pas encore tout donné, très loin de là.
La 3e infusion est un peu plus pâle.
Et les feuilles infusées, de plus en plus développées, parsemées de tiges.
J’ai tenté une quatrième infusion, moins convaincante, les feuilles ont tout donné et vont rejoindre leurs cousines du Yunnan. Une pause maintenant pour préparer le dîner et le partager avec mon mari. Il a des choses à faire l’après-midi, moi aussi.
Retour dans mon cocon. Le thé de l’après-midi, un Tumsong, ce Darjeeling du Jardin des cœurs heureux griffé ThéÔdor sera infusé en grande théière.
Il accompagnera certaines de mes lectures, je n’ai effectivement pas ramené que du thé et des fabuleux souvenirs… Je commence par L’Empire du sens. Je l’ai acheté au Shanghai Café, rien que la couverture m’avait séduite, le pinceau m’a fait penser à l’art de la calligraphie, je ne l’avais pas feuilleté jusqu’à aujourd’hui. Comme chaque fois, je commence par caresser le livre, les pages sont glacées et les illustrations me touchent… Je ressens un peu la même émotion que quand j’ai découvert le Dit du Gengi de Monsieur Itaro Yamaguchi, il y a près de 3 ans maintenant et qui m’émeut toujours autant chaque fois que j’y pense aujourd’hui encore. ( http://la-theiere-nomade.blogspot.be/2009/12/hommage-maitre-itaro-yamaguchi.html )
Entre autres celle-ci illustrant le mot AUTOMNE. Ce livre magnifique dépasse de loin l’écriture.  A chaque mot correspond d’abord quelques lignes explicatives, par exemple pour l’automne, on apprend que : Après le printemps, avènement de l’année nouvelle, l’automne est l’autre saison emblématique de la tradition chinoise. L’association des deux termes "Printemps et Automne" est, dans les livres anciens, synonyme d’ « année » (…). L’automne, la plus belle des saisons dans la Chine du Nord, est omniprésent dans la poésie classique (…). Suit l’ordre des traits puis la clé des signes, ainsi " le sinogramme automne est composé de la céréale et du feu, évoquant les céréales couleur de feu à l’époque où elles arrivent à maturité. (…)". Deux autres rubriques, transparence des mots (pas encore très clair pour moi, j’y reviendrai), et des expressions : exemple "an song qiu bo : faires des œillades (envoyer en cachette des ondes automnales)". 48 mots sont ainsi décrits, ce livre me passionne, j’y reviendrai plus tard. Pour le moment, je me concentre sur les peintures en essayant de deviner ce qu’elles représentent pour l’artiste. Certaines sont évidentes comme
Barque,
Montagne. D’autres s’en rapprochent :
 j’imaginais Feu ou Incendie, c’est Catastrophe,
j’y voyais une superbe représentation de la Maternité, c’est Grossesse,
Là où je ne voyais qu’un œil, je devais voir Larme.
 Ici je me voyais face à la mer (ou les vagues), l’artiste a représenté l’Eau.
 Et ici, voilier pour Voile. Je pourrais encore continuer, je vais m’arrêter cependant, je suis bouleversée par ces tableaux qui me parlent, me font vibrer. J’ai l’impression de connaître Chen Dehong, cet artiste dont les œuvres vues ici me touchent, je vais essayer de me souvenir où j’aurais pu voir ses peintures et sa calligraphie. Cela fait bien longtemps que la théière est vide mais, trop prise et émue par ce que je viens de découvrir, je n’y pense même pas, ce qui est rarissime.
Ce deuxième petit bijou, Petit Dragon, l’histoire d’une petite fille et son meilleur ami, il est aussi question de caractères chinois mais surtout d’une belle amitié.
Pendant toute la journée, j’ai connu l’extase du thé, ce soir, j’ai devant les yeux l’extase de la Paternité… Vais-je pouvoir attendre avant d’aller serrer ce petit Dragon dans mes bras ?... Il le faudra malheureusement. Heureusement j’ai de quoi me consoler ! Ne dit-on pas que chaque tasse de thé est un voyage ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifiques illustrations. Elles disent beaucoup... On peut regarder en 2 fois une fois avec les écrits , une autre qu'avec les photos. (Pour la dernière , fierté et joie des 2). Il manque des photos de toi.... Avec un énorme sourire , des ailes aux pieds, te léchant les babines,... Bizouille Mich

Francine a dit…

@ Mich: quand le sujet est +++, les photos aussi. Pour mes photos, tu fais comment quand c'est toi qui les prends? MDR! Biz et à très vite, je compte aller rencontrer saint Nicolas à la Magie du thé